A partir d'un certain niveau de changement dans les facteurs climatiques ou autres facteurs de changements globaux, les transformations profondes des systèmes socio-économiques et différents acteurs de la filière peuvent être nécessaires. Les travaux de prospectives conduits dans le projet LACCAVE ont montré les potentialités mais aussi les limites de la stratégie conservatrice. Dès lors, les solutions incrémentales ou des solutions dites tactiques pourraient ne pas être suffisantes pour s'en sortir dans les nouvelles conditions climatiques, environnementales ou de marché

Parmi ces types de solutions il est alors utile d’orienter des recherches de solutions dans les voies suivantes :

- réorganiser le modèle économique général de la filière. Les perturbations attendues invitent à revoir les modèles de compétitivité pour l’entreprise : même si la viticulture française est généralement construite sur une recherche de qualité obtenue par une maîtrise de rendements volontairement limités, il s’agit de repenser le modèle de façon plus segmentée et plus rigoureuse. S’il existe une place pour une viticulture à haut rendement, compétitive sur le marché mondial elle ne peut être qu’en Vins sans IG et ne peut pas découler de déclassement de vins à IG. Au contraire, seul un processus complet de maîtrise agronomique et des coûts peut y conduire. Sur l’autre versant, les entreprises orientées vers les stratégies de différenciation devront adopter un nouveau modèle plus rigoureux, adossé à des rendements plus bas, des prix plus rémunérateurs mais surtout une véritable communication. Plus largement de même qu’il faut repenser une nouvelle viticulture et une nouvelle oenologie en situation de dérèglement climatique, cela nécessite de nouvelles stratégies de marketing et l'exploration de nouveaux marchés pour le vin, ainsi que la reconception des types de vins sous AOP qui visent moins de rendement que les autres vins, mais nécessitent une actualisation de leurs cahiers des charges en même temps qu’une adhésion des consommateurs.

- Les travaux de prospective de LACCAVE avaient envisagé des stratégies dites «nomades»: rechercher de nouveaux terroirs pour faire pousser du vin dans des zones plus fraîches ou plus humides. Cette stratégie n'est pas accessible à tous en fonction de leur capital financier et social et de leur philosophie de pratique. Pour autant, au-delà des objectifs stratégiques affichés au plan national qui ont largement et délibérément écarté ces voies, il pourrait être utile d’approfondir les modalités, facteurs clés de succès et les modes d’accompagnement utiles pour la proportion du vignoble concernée. Même si le terme « nomade » peut paraître impropre, il serait opportun d’anticiper la création de vignobles plus septentrionaux à mesure que des vignobles méridionaux peineront à se maintenir. Voir VINEAS | Réorganiser les plantations dans l'espace

Ces types de solutions peuvent également être considérés comme proactifs et moins "réactifs" que les solutions incrémentales. Les transformations significatives nécessitent que la planification et l'anticipation soient organisées car ces changements ne seront pas opérés en un jour, une transition à l'échelle de l'entreprise et des filières doit être conçue et mise en oeuvre avec différentes étapes. La coordination entre les acteurs est  cruciale pour le succès de ces types de stratégies.

Auteurs: Nina Graveline & Hervé Hannin 

Mise à jour Avril 2024